L’entretien exclusif avec Christiane Lambert sur la menace des normes sur la souveraineté alimentaire de l’Europe
Christiane Lambert et les normes environnementales : une menace pour l’agriculture européenne ?
À la tête du Copa, l’organe fédérateur des syndicats agricoles de l’Europe, Christiane Lambert exprime une forte réticence face à la multiplication des contraintes normatives environnementales. Elle plaide pour une régulation souple, craignant que l’abondance des normes ne compromette la viabilité des exploitations agricoles et la capacité de l’Europe à garantir son indépendance alimentaire.
Le défi de la souveraineté alimentaire
La dirigeante agricole ne nie pas l’intérêt de réduire les rejets de gaz à effet de serre. Cependant, elle manifeste une sérieuse inquiétude quant aux répercussions des réglementations environnementales. Lambert invite à une démarche apaisée, en mesure de préserver les fondements de l’autosuffisance alimentaire du continent.
Entre protestation et nécessité européenne
Les revendications agricoles varient d’un pays à l’autre en Europe, mais toutes témoignent d’une tension croissante. Si les Allemands s’insurgent contre les modifications de la fiscalité sur le gazole, les producteurs d’Europe centrale redoutent la concurrence des importations et des effets délétères sur leurs marchés locaux. Lambert souligne que, bien que l’Europe ne soit pas l’unique responsable, les décisions continentales, telles que celles concernant les importations de produits ukrainiens, ont des répercussions concrètes sur les agriculteurs.
Les bénéfices de l’Union européenne
En dépit des frictions actuelles, la présidente du Copa rappelle les avantages substantiels qu’apporte l’UE, comme les subventions et les aides post-Covid. Ce soutien financier s’avère vital pour le secteur agricole français et européen.
Les défis de la collaboration européenne
Tout en reconnaissant la nécessité de s’atteler à la lutte contre le changement climatique, Lambert alerte sur des objectifs peut-être trop ambitieux fixés pour 2030 et sur les dangers de se précipiter dans la mise en œuvre des politiques environnementales sans mesurer pleinement leur impact potentiel sur la production agricole et la souveraineté alimentaire.
Une régulation inadaptée ?
La stratégie Farm to fork du Green Deal européen est perçue comme intenable par la dirigeante, qui déplore le manque d’une étude d’impact initiale. Elle évoque des risques d’une chute de production pouvant aller jusqu’à 18%, augmentant l’inflation alimentaire et affaiblissant la position exportatrice de l’Europe.
Le cas spécifique des importations ukrainiennes
Face aux impacts du soutien à l’économie ukrainienne sur les producteurs locaux, Lambert propose des solutions qui respectent les impératifs humanitaires tout en préservant les intérêts des agriculteurs européens. Elle recommande notamment des ajustements aux volumes des importations ukrainiennes de poulet et de sucre, suggérant un retour aux quotas pré-guerre.
En résumé, Christiane Lambert appelle à un équilibrage entre les exigences environnementales et l’urgence de protéger l’autonomie agricole de l’Europe. Elle défend la nécessité d’une transition plus progressive et réfléchie pour éviter une rupture qui affaiblirait les fondations de l’indépendance alimentaire européenne.