Miss IA : Va-t-elle perpétuer les standards de beauté féminins et aggraver les stéréotypes ?
La montée en puissance de l’intelligence artificielle pose la question cruciale de son impact sur nos sociétés, notamment en matière de beauté féminine. Alors, Miss IA, nouvelle icône de la perfection esthétique ou catalyseur de stéréotypes tenaces ?
Miss IA : Une nouvelle ère pour les concours de beauté
Le monde des concours de beauté est sur le point de connaître une révolution avec l’arrivée de Miss IA, un concours qui élira la plus belle des intelligences artificielles. Parmi les candidates, Deanna Ritter, une Barbie 2.0 aux caractéristiques physiques irréelles, compte déjà 55 000 followers sur Instagram. Mais au-delà de la prouesse technologique, cette innovation ne soulève-t-elle pas des problèmes éthiques et une aggravation des stéréotypes féminins ?
Des stéréotypes féminins amplifiés par l’IA
Les moteurs d’IA se nourrissent d’images déjà existantes, ce qui implique qu’ils reproduisent les clichés et les stéréotypes de ce que doit être une miss. Florence Sèdes, professeure en informatique, affirme que l’on retrouve souvent dans ces concours des candidates blondes, à forte poitrine, au corps rachitique et aux jambes démesurément longues. Deanna Ritter en est l’illustration parfaite.
Les biais humains derrière l’IA
Ces biais sont renforcés par les personnes qui valident les photos et définissent les critères de beauté pour l’IA. Selon Anna Choury, experte en IA, ces individus sont souvent des hommes blancs de 50 ans, perpétuant ainsi les stéréotypes féminins. De plus, l’IA a des biais sexistes, racistes et validistes, et elle amplifie les standards de beauté occidentaux rétrogrades et hypersexualisés.
Une beauté irréelle qui devient la norme
Sylvie Borau, enseignante-chercheuse spécialisée dans le marketing du genre et de l’IA, dénonce une beauté irréelle qui va devenir la norme pour des milliards de femmes sur Terre qui ne pourront jamais l’atteindre. L’IA se base sur des moyennes et les amplifie systématiquement, créant ainsi des visages à la symétrie parfaite, impossible dans la réalité.
L’extinction de la différence
Selon Maria Mont Verdaguer, professeure d’éthique et de philosophie de l’IA, l’IA ne crée qu’une seule réalité en recopiant et en privilégiant les moyennes. Les algorithmes nous enferment dans un seul filtre et forment une vision unilatérale, entraînant ainsi une disparition de la diversité et des traits atypiques.
Les conséquences bien réelles pour les femmes
Ces stéréotypes et cette beauté irréelle ont des conséquences réelles sur les femmes, en particulier les adolescentes et les jeunes femmes dont l’estime de soi est encore fragile. Cela peut entraîner de la dysmorphie, des troubles de l’alimentation, une dévalorisation de soi et des dépressions. Les critères féminins deviennent de plus en plus élevés et artificiels, et les femmes sont désormais censées rivaliser avec des créations virtuelles.
Vers une IA plus éthique et inclusive
Pour lutter contre ces biais et leurs conséquences, il faudrait revoir les données d’entrée de l’IA en créant des œuvres culturelles moins genrées et sexistes. Il est également nécessaire de mettre en place des régulations pour limiter les dérives des concours de beauté virtuels. Il est temps de construire une IA plus éthique et inclusive, au service du progrès et du bien-être de tous.