L’impact discret du mouvement #MeToo dans la diffusion de l’information

L’impact discret du mouvement #MeToo dans la diffusion de l’information

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L’article analyse subtilement l’influence du mouvement #MeToo sur la façon dont l’information est diffusée. Découvrez comment cette prise de parole a modifié la manière dont nous partageons et recevons les nouvelles.

Le pouvoir insidieux de #MeToo sur la sphère médiatique

Depuis quelques jours, une rumeur infondée circule sur les réseaux sociaux et dans certains médias, faisant état d’une prétendue “liste noire” d’auteurs de violences sexistes et sexuelles que Mediapart s’apprêterait à divulguer lors de l’ouverture du Festival de Cannes. Face à cette désinformation, il est essentiel de rappeler que notre rôle de journaliste est de mener des enquêtes rigoureuses et de publier des informations recoupées, et non de diffuser des listes.

La propagation d’une rumeur délétère

Nous avons longuement pesé le pour et le contre avant de revenir sur ces évidences. Réagir à une rumeur peut en effet contribuer à lui donner de l’ampleur et à alimenter la machine à clics et à buzz qui dégrade le débat public et le paysage médiatique. Toutefois, le délire collectif a atteint de nouveaux sommets sur l’antenne de Franceinfo TV, où il a été affirmé qu'”une liste de personnalités […] devrait être publiée demain dans une enquête de Mediapart“.

Trois heures plus tard, la chaîne a partiellement rétropédalé : “On disait [qui ? – on ne le saura pas – ndlr] que Mediapart devait la produire, Mediapart dit que pas du tout et qu’ils n’ont jamais eu vent de cette liste. Il s’agit pour le moment d’une rumeur. Il faut dire qu’aucune information n’est confirmée, qu’aucun fait n’est avéré et surtout, qu’aucune plainte n’est déposée.” France TV Info ne nous a d’ailleurs jamais contactés. Certaines rédactions ont toutefois pris la peine de le faire, comme Le Parisien en France, ou Variety et The New York Post pour la presse internationale, ainsi que plusieurs émissions de France Télévisions. Nous avons démenti avec vigueur à chaque fois.

Une attaque ciblée contre #MeToo et l’éthique journalistique

Cette situation pourrait prêter à sourire, si ce n’est que la diffusion de cette rumeur contribue à discréditer la presse, ce qui est particulièrement préjudiciable en ces temps incertains. En outre, la genèse de cette fausse information est révélatrice : elle a été lancée par un compte complotiste sur Twitter, puis relayée par les médias de la sphère Bolloré – notamment C8 et Cyril Hanouna – ainsi que par des journaux revendiquant une ligne anti-#MeToo, comme Le Figaro.

Ce vacarme indigent permet à certaines voix de proclamer sereinement que #MeToo va “trop loin”, que “l’air du temps” est irrespirable, en raison de la “délation” et des “tribunaux médiatiques” qui provoqueraient des “morts sociales” en cascade. Cette rumeur offre une échappatoire à celles et ceux qui refusent d’entendre les témoignages d’actrices et de professionnelles du cinéma, qui
souhaitent remettre en question leurs propres certitudes au sujet du rôle de l’image et de l’art.

Le journalisme, en revanche, se définit par l’enquête, la révélation de faits qui nous interpellent et nous questionnent, la capacité à penser contre soi-même, et l’information des lecteurs et des lectrices en dehors de tout agenda dicté par les réseaux sociaux. C’est ce que nous nous efforçons de faire quotidiennement dans nos colonnes.

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