La stratégie économique agressive de la Chine : un défi pour l’Occident

La montée en puissance de la Chine et ses impacts pour l’Occident
À l’heure où l’Ukraine se débat dans un conflit durable, la Chine et la Russie consolident leur alliance stratégique, visible à travers leurs récents exercices militaires maritimes dans les eaux chinoises en fin d’année dernière. Bien que la Chine demeure réticente à approvisionner la Russie en armement, l’équilibre des pouvoirs s’incline clairement en faveur de Xi Jinping. La journaliste en relations internationales Christine Ockrent souligne qu’il y a dix ans, la première visite de Xi Jinping en tant que dirigeant était en direction de Moscou, illustrant ainsi l’inversion totale de la dynamique de pouvoir entre les deux nations. Selon elle, c’est Xi Jinping qui mène le jeu, faisant de la Russie un “vassal économique”, empressement accentué par l’application des sanctions occidentales qui poussent la Russie à liquider ses ressources naturelles à la Chine selon les termes qu’elle impose.
De nouvelles routes énergétiques
En réaction au boycott orchestré par les pays occidentaux, la Russie a effectivement vu ses exportations de gaz naturel vers la Chine se multiplier en 2022. Un exemple frappant est l’annonce d’une capacité de 50 milliards de mètres cubes de gaz qui seront acheminés via le futur pipeline “Force de Sibérie 2”, devant prochainement relier plus directement les deux pays.
Diplomatie et lutte d’influence
Le 10 mars dernier marque une avancée diplomatique avec le rétablissement des relations entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite après sept ans d’interruption. Orchestrateur de cet accord, la Chine contourne habilement les tensions de ces pays avec l’administration américaine pour mettre un terme à leurs querelles confessionnelles. Ockrent interprète cette démarche comme un rêve chinois que Xi Jinping cherche à matérialiser, remettant en question l’ordre international établi par les Occidentaux depuis le milieu du XXe siècle.
Suprématie technologique
L’enjeu majeur de la rivalité sino-américaine réside dans la technologie. Pékin infiltre activement ses entreprises technologiques nationales, avec l’ambition déclarée de surpasser les États-Unis dans les secteurs de l’intelligence artificielle, des ordinateurs quantiques, et d’autres domaines clés comme les semi-conducteurs. En réponse, les États-Unis ont convaincu le Japon et les Pays-Bas de limiter les exportations de technologies cruciales vers la Chine.
L’élite économique sous haute surveillance
Faire une comparaison directe entre les oligarques russes et les milliardaires chinois serait réducteur. Contrairement à la situation russe post-soviétique propice à l’émergence de grands capitaines d’industrie indépendants, Xi Jinping semble hanté par la crainte d’une déstabilisation similaire du Parti communiste chinois.
Le contrôle strict exercé par l’État chinois sur ses géants technologiques est palpable. Ockrent mentionne le cas de Jack Ma, fondateur d’Alibaba, qui suite à une certaine pression gouvernementale, s’est effacé en déménageant à Tokyo et a perdu la main sur son groupe. Le créateur de ByteDance, société mère de l’application TikTok, a également décidé de prendre ses distances, sous-entendant une pression latente du régime. La relation entre Xi Jinping et cette élite de la technologie n’est plus un partenariat, mais un rapport de plus en plus dominé par le contrôle étatique, révélant l’importance pour le gouvernement chinois de gagner la course au progrès technologique.
*Christine Ockrent est l’auteur du livre “L’Empereur et les milliardaires rouges” (éd. L’Observatoire, 240 pages, 22 euros) qui explore en détail la situation économique et politique de la Chine.